La politique au parfum atypique (Lecourant.info)

Publié le par Yann

En 2008, il y aura deux Delanoë parmi les bulletins de vote des municipales parisiennes. Nous avons rencontré le méconnu mais néanmoins corrosif Gaspard Delanoë.

C’est au cœur du Xème arrondissement que vous trouverez ce personnage haut en couleurs. Que l’on ne se méprenne pas, ce monsieur n’est pas le fils caché de Bertrand Delanoë, son homonyme, actuellement maire de Paris. Mais un héritier politique peut-être. Car Gaspard, à l’instar de Bertrand, se présente en 2008 aux élections municipales, pour la ville de Paris.

Ce jeune homme, à la cinquantaine fort sympathique, est cependant plus connu dans la sphère artistique. Parmi ses maîtres à penser figurent Paul Rozemberg, dont il a suivi les séminaires de littérature  William Blake, poète autour duquel il a réalisé un mémoire intitulé Amour Anarchie Avant Après…André Breton et Rabelais font aussi partie de ses références. Il est l’auteur de divers ouvrages, dont Les carnets d’Igor Balut (qui inspira la fondation du musée du même nom), Rivolition, Autoportrait du chaman en érection, Le facteur résonne toujours deux fois...

Ecrivain engagé ? Vous m’en direz tant. Porte-parole du « Squat Rivoli », locaux « empruntés » durant sept ans par des artistes parisiens, il s’illustre en octobre 2005 dans l’action « Caca contre Dada ». Il écrit aussi des articles pour le site « Un charter pour Neuilly », chargé de reconduire Nicolas Sarkozy à ses frontières, quand la rédaction de son programme lui en laisse le temps. Son programme, parlons-en justement : repeindre les bancs de Paris en rose, afin de réintroduire les amoureux, espèce en voie de disparition dans la ville de l’Amour  faire de la Seine le premier fleuve d’eau minérale du monde  organiser les Jeux Olympiques à Paris en 2011 afin de devancer Londres 2012...

Mais qui est le véritable Gaspard Delanoë ? D’où viennent ses idées saugrenues ? Que Télérama le qualifie de « fantaisiste » et le Nouvel Obs de « candidat OVNI », il s’en moque. Il revendique même ce coté subversif : « Tous les partis politiques arrivent très bien à s’occuper de ce qui est grave, préoccupant […] mais la fantaisie, l’humour, la subversion, les désirs, le rêve, ne sont pas des sujets abordés. En France, les hommes politiques ont un discours de la peur. Et il marche très bien ». Malgré les apparences, son but est sérieux : « Je veux montrer la sphère politique sous un autre jour. Alors que l’on parle d’une crise de représentativité, je veux que ma candidature suscite d’autres candidatures […] Pour justifier cette candidature, je me suis inspiré de la phrase du Canard Enchaîné : « La liberté ne s’use que si l’on ne s’en sert pas ».

Finalement, Gaspard Delanoë est un peu le chaînon manquant entre l’homme politique et l’artiste. « Les hommes politiques sont aussi des comédiens : ils ont des lunettes particulières, des costumes particuliers, ils ont un texte et occupent une scène : la politique. L’art et la politique parlent de la même chose mais différemment. » Mais la candidature de cet hurluberlu n’est pas totalement farfelue. Si certaines propositions sont décalées, beaucoup sont sérieuses : « ces propositions sont un mélange d’inspirations différentes. Elles ont un coté démagogique, un coté utopique, un coté cynique… Elles sont enrichies par les propositions des électeurs eux-mêmes, grâce à un véritable " service à la carte" ».

Et Bertrand dans cette histoire ? « Bertrand Delanoë ne m’aime pas beaucoup. A l’annonce de ma candidature, il a souri. Mais s’il m’offre un poste d’adjoint en garantissant la reprise d’au moins un tiers des propositions de mon programme, j’accepterai. » En guise d’adieu, Gaspard Delanoë nous a livré en exclusivité quelques propositions qu’il compte ajouter à son programme : l’opération Nuit Noire, où l’extinction de toutes les lumières de Paris pourront donner à la population un aperçu des conditions de vie au XIIème siècle  le projet Célib’, permettant la création 3500 stations de « location » de célibataires, avec la première demi-heure gratuite. Gageons que ces propositions ne resteront pas à l’état de pieux vœux en cas d’élection...

Louise Régent (18 nov.2007)

Publié dans Revue de presse

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